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Des rescapées de jihadistes victimes d’avortement forcés

Kossivi Tiassou | Avec agences
8 décembre 2022

Les forces armées nigérianes sont accusées d’avoir mené depuis dix ans, un programme d'avortements de masse sur des femmes rescapées des groupes jihadistes.

Une femme nigériane qui a déclaré à Reuters avoir subi un avortement dans le cadre d'un programme secret géré par l'armée nigériane, pose pour un portrait dans un lieu tenu secret au Nigeria
Les avortements forcés peuvent "constituer des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité", avance Reuters qui cite des experts juridiques Image : Paul Carsten/REUTERS

D'après l’enquête de l'agence de presse Reuters, l'armée nigériane mènerait depuis 2013 un programme "d'avortements secrets, systématiques et illégaux dans le nord-est du pays". 

Selon les auteurs de l’enquête, "la plupart des avortements ont été pratiqués sans le consentement de ces femmes, souvent à leur insu"

Au moins 10.000 grossesses ont ainsi été interrompues, la plupart concernant des jeunes filles ou des femmes kidnappées et violées par des insurgés djihadistes notamment de la secte islamiste, Boko Haram, selon des témoignages et des documents récoltés et examinés par l'agence Reuters.

Les journalistes s'appuient sur les témoignages de 33 femmes et jeunes filles, cinq travailleurs de santé et neuf personnels de sécurité impliqués dans ce programme, mais aussi sur des documents militaires et des registres d'hôpitaux.

Depuis au moins 2013, l'armée nigériane conduit un programme secret, systématique et illégal d'avortements forcés dans le nord-est du paysImage : Paul Carsten/REUTERS

Certaines n'avaient que 12 ans

La plupart des femmes et des filles étaient enceintes de quelques semaines à huit mois. "Certaines n'avaient que 12 ans", affirme cette enquête qui précise que dans certains cas, les femmes qui résistaient à l’avortement, étaient battues ou frappées à coups de bâton, tenues en joue ou droguées pour qu'elles obéissent.

Selon les témoignages recueillis par Reuters, les soldats assuraient aux femmes que les pilules et les injections données étaient destinées à rétablir leur santé et à combattre des maladies telles que le paludisme.

L'armée nigériane, dans un document cité dans l'enquête, nie l'existence d'un tel programme. Elle assure que sa mission est de protéger les civils et affirme que l'enquête de Reuters est "une insulte aux Nigérians et à leur culture".